En octobre 1981, Jack Lang, ministre de la Culture, nomme Maurice Fleuret au poste de directeur de la musique et de la danse. Maurice Fleuret applique ses réflexions sur la pratique musicale et son évolution et pose les fondements d’une nouvelle conception : "La musique sera partout et le concert nulle part » ! Il évoque une « révolution » dans le domaine de la musique, qui tend à faire se rencontrer toutes les musiques – sans hiérarchie de genre ni d’origine – dans une commune recherche de ce qu’il appelle « une libération sonore, une ivresse, un vertige qui sont plus authentiques, plus intimes, plus éloquents que l’art ».
En 1982, une grande enquête sur les pratiques culturelles des Français est menée par le service des études et de la recherche du ministère de la Culture et dévoile que cinq millions de personnes, dont un jeune sur deux, jouent d’un instrument de musique alors que les manifestations musicales organisées jusqu’à présent ne concernent qu’une minorité de Français. De ce fait, Jack Lang, Christian Dupavillon, architecte-scénographe, membre de son Cabinet et Maurice Fleuret en déduisent que le paysage de la pratique musicale en France reste à découvrir. Alors, ils imaginent une grande manifestation populaire qui permette à tous les musiciens de s’exprimer et de se faire connaître. C’est ainsi que la première Fête de la musique est lancée le 21 juin 1982, jour symbolique du solstice d’été, le plus long de l’année dans l’hémisphère Nord.
La Fête sera gratuite, ouverte à toutes les musiques « sans hiérarchie de genres et de pratiques » et à tous les français.
La préparation se déroule dans la précipitation. On prévient les principaux acteurs de la vie sociale, politique et musicale en France. Quelques affiches sont imprimées et placardées. On ne sait absolument pas, au ministère de la Culture, si cet appel sera entendu.
Le résultat dépasse toutes les espérances. Des milliers d’initiatives ont lieu dans toute la France. Les musiciens s’installent partout dans les rues, les squares, les kiosques, les cours, les jardins, les gares, les places, etc., et des milliers de personnes déambulent dans la rue jusque tard dans la nuit, dans une atmosphère bon enfant.
« Il fallait un événement qui permette de mesurer quelle place occupait la musique dans la vie individuelle et collective. Un mouvement spectaculaire de prise de conscience, un élan spontané pour alerter l’opinion et peut-être aussi... la classe politique. C’est pourquoi le ministère de la Culture a eu l’idée d’organiser une Fête de la musique en 1982. Une fête non-directive, qui rassemble tous les Français pour qui la musique compte ». Maurice Fleuret, « Faites la fête ! Faites de la musique ! », propos recueillis par Xavier Lacavalerie, Télérama n° 1744, 15 juin 1983.
Cette union des musiciens professionnels et des amateurs, cette attention nouvelle portée à toutes les musiques (rock, jazz, chanson, musiques traditionnelles, musiques dites savantes, etc.), devenaient ainsi, à travers la réussite immédiate d’une manifestation populaire et largement spontanée, la traduction d’une politique qui entendait accorder leur place aux pratiques des amateurs.
La Fête de la musique commence à s’exporter en 1985, à l’occasion de l’Année européenne de la Musique et se développe dorénavant dans le cadre d’une charte, « La Fête Européenne de la Musique », signée à Budapest en 1997, et ouverte à tous les nouveaux partenaires souhaitant s’y associer. Les principes de cette charte s’appliquent désormais à tous les pays, y compris hors d’Europe, qui souhaitent s’associer à la Fête de la musique.
En moins de dix ans, la Fête de la musique est reprise dans quatre-vingt-cinq pays, sur les cinq continents.
Succès international, phénomène de société, un timbre poste lui est consacré en 1998. En 2017, plus de 120 pays dans le monde participaient à la Fête de la musique.
La Fête de la musique est aussi porteuse des nouvelles tendances musicales : renouveau des musiques traditionnelles, explosion des musiques du monde, développement des chorales, apparition du rap, de la techno, des musiques urbaines, etc.
Elle entre dans les prisons, partage la vie des malades et du personnel de l’hôpital, rapproche les établissements scolaires de la musique, établit des liens et des échanges entre la ville et ses périphéries, irrigue les communes rurales, valorise le travail d’un individu, d’un groupe, d’une association ou de toute une communauté.
La Fête de la musique favorise ainsi naturellement la visibilité et l’accès aux pratiques artistiques et culturelles et manifeste chaque année sa capacité à évoluer et à se pérenniser. Issue du ministère de la Culture, la Fête de la musique s’épanouit et se diffuse dans l’espace public, avec le public et pour le public.