Pouvez-vous nous expliquer les origines de la Fédération des associations de musiques et danses traditionnelles (FAMDT) ?

La FAMDT est née dans le sillage du mouvement folk des années 1970, à un moment de redécouverte des musiques de tradition orale en France. Le terme de « musique folk » a été délaissé au profit de « musique traditionnelle », pour mieux rendre compte de la richesse des répertoires. Sous l’impulsion de Maurice Fleuret, délégué à la musique auprès de Jack Lang, alors ministre de la Culture, ces musiques ont trouvé leur place dans les politiques culturelles nationales. Cette reconnaissance s’est traduite par la création de centres régionaux dédiés aux musiques et danses traditionnelles, qui se sont ensuite structurés en réseau pour porter une parole commune jusqu’à la création de la FAMDT.

Quel est le rôle de la FAMDT ?

La FAMDT fédère plus de 200 structures – principalement associatives – engagées dans la transmission, la création, la diffusion et la valorisation des musiques et danses traditionnelles. Notre mission est de porter une parole collective, forte et plurielle, sur les enjeux esthétiques, sociaux et politiques qui traversent ce champ. Nous sommes à la fois un espace-ressource et un lieu de coopération avec un média contributif, des temps d’échange, un accompagnement de proximité ou des bourses de compagnonnage artistique. La FAMDT joue aussi un rôle de représentation auprès des pouvoirs publics pour défendre la diversité culturelle et inscrire ces pratiques dans les politiques publiques de demain.

Quels sont vos axes de travail actuels ?

Dans un contexte économique tendu, nos structures vivent des équilibres fragiles entre bénévolat, billetterie, cessions et subventions publiques. Nous les accompagnons pour renforcer leur résilience. D’une part, nous jouons un rôle de plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour défendre la diversité esthétique, la reconnaissance des spécificités du secteur, et le besoin vital de soutenir un tissu artistique et culturel ancré dans les territoires. D’autre part, nous développons des outils partagés, diffusons une veille juridique, et organisons des temps d’accompagnement pour répondre aux besoins concrets des structures. Nous œuvrons aussi avec les réseaux régionaux pour garantir la place des musiques traditionnelles dans les concertations publiques.

La musique traditionnelle souffre parfois d’une image un peu passée de mode. Comment travaillez-vous à la faire évoluer ?

Le mot « traditionnel » renvoie souvent à des représentations figées, voire folkloriques au sens péjoratif. Pourtant, les danses et musiques traditionnelles sont traversées par une vitalité impressionnante, portée par une jeunesse créative et engagée, qui fait le lien entre les héritages culturels et les esthétiques contemporaines. Le festival Yaouank, à Rennes, en est une belle illustration : plus de 10 000 personnes dansent chaque année dans un immense fest noz. Nos adhérents organisent régulièrement des bals qui ne désemplissent pas. De nombreux projets explorent les passerelles avec l’électro, le rock ou le hip-hop. Pour faire évoluer les représentations, nous renforçons notre présence dans les médias : collaborations avec Tracks sur Arte, chroniques sur France Musique, podcasts, documentaires, formats immersifs. Notre objectif est de ne pas se laisser enfermer dans des cases, mais affirmer la contemporanéité des musiques traditionnelles, leur ancrage dans le monde d’aujourd’hui, leur capacité à créer du lien.

Quel rôle joue la Fête de la musique pour la FAMDT et les musiques traditionnelles ?

La Fête de la musique incarne une dimension profondément populaire – dans le sens le plus noble – en résonance avec les valeurs que nous défendons : transmission vivante des savoirs, accueil bienveillant, hospitalité, cohésion au sein des territoires. Les musiques traditionnelles sont fortement irriguées par les pratiques collectives et amateurs, souvent portées par des musiciens et musiciennes passionnés. La Fête de la musique est l’un des rares moments de l’année où cette dynamique amateure peut pleinement s’exprimer dans l’espace public. Elle donne à voir et à entendre cette vitalité musicale, souvent invisible, en lui offrant une scène ouverte à toutes et tous, sans distinction de niveau ou de statut.