Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis directeur artistique dans le cinéma d’animation et illustrateur freelance. J’ai 30 ans, j’ai étudié à l’école Émile Cohl à Lyon, puis aux Gobelins à Paris en motion design. Aujourd’hui, je suis revenu à l’illustration car c’est là où je m’amuse le plus ! Je travaille dans plusieurs univers comme la publicité animée, les clips musicaux, la fiction ou encore l’édition.
Comment s’est passée votre participation à la réalisation de l’affiche de cette Fête de la musique ?
J’ai répondu à la consultation lancée par le Ministère. Le cahier des charges donnait une très grande liberté. Ce n’est pas si courant, souvent les commandes sont très cadrées. Je pouvais donc donner libre cours à mon inspiration, aller piocher dans ce que représente pour moi la Fête de la musique.
Justement, que représente-t-elle pour vous ?
Enfant, chaque année, je passais cette soirée dans mon village près de Lyon. C’était un moment fort, l’occasion pour nous tous de nous retrouver. Je me souviens de la scène ouverte, de cette ambiance très conviviale et fédératrice. Plus tard, à Paris, le 21 juin était aussi un moment de communion où je pouvais autant retrouver mes amis jouant de la musique sur le Canal Saint-Martin qu’assister à un DJ set dans un parc ou encore voir un concert de folk au coin de ma rue.
Quels éléments ou valeurs vouliez-vous transmettre dans votre affiche ?
J’ai voulu réaliser une image joyeuse et inclusive d’une sorte de ville idéalisée sans mobilier urbain, avec juste une fenêtre ouverte, une table de bistrot, un pigeon. C’est un peu la ville de tout le monde, celle dans laquelle chacun peut se retrouver. Et surtout j’ai souhaité créer une scène avec des personnages très variés qui incarnent des identités multiples car cette affiche était l’occasion de célébrer tous les visages qui font la société. Il y a un enfant à la fenêtre que la foule invite à descendre et à saisir le micro. Ce micro, déjà branché à un ampli, traverse toute l’image. Bien qu’il s’agisse d’une affiche figée, je l’ai imaginée comme un récit en mouvement. Et j’ai également glissé des références queer parce que c’est aussi ça la Fête de la musique : un événement populaire qui tombe en plein mois des fiertés. On peut dire que j’ai été inspiré par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Thomas Jolly, version Fête de la musique !
La diversité semble être un de vos moteurs de création ou d’inspiration…
Oui, effectivement. Enfant, j’étais toujours très marqué par les images et affiches que je voyais dans le métro ou ailleurs dans l’espace public. En tant qu’illustrateur, je pense avoir une forme de responsabilité : celle de faire des images dans lesquelles toutes et tous puissent se reconnaître.
L’affiche a une identité visuelle forte. Comment avez-vous travaillé la composition et les couleurs ?
Je voulais une ambiance estivale, acidulée, donc j’ai opté pour une palette réduite : vert pomme, jaune, rose – des couleurs chaudes et rétro – équilibrées par des marrons plus doux et un ruban rose. La comédie musicale Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy a été une de mes sources d’inspiration pour ce travail. J’ai ajouté de la texture dans le trait, pour éviter les aplats trop rigides, et rendre l’image plus vivante. Le trait texturé me permet aussi de suggérer plutôt que de tout dessiner, de garder une légèreté dans une image qui est assez chargée. Ainsi malgré le nombre de personnages - près de 20 - l’affiche reste aérée.
Quels sont vos univers de référence, vos sources d’inspiration en général ?
Je viens du cinéma d’animation, et cela se ressent dans ma façon de composer des images narratives. J’admire des illustrateurs comme Cyril Pedrosa, qui vient aussi de l’animation, ou Pénélope Bagieu, une illustratrice et autrice de bande dessinée qui représente une grande diversité de personnages très vivants.
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