Qu’est-ce qui se cache derrière AAAAA ?
Léopold Roux : C’est un atelier de graphisme fondé en 2013 par Marie Sourd et moi-même. Nous avons fait nos débuts dans l’édition car nous avions déjà de l’expérience professionnelle dans ce secteur. Assez vite, nous avons eu des projets dans le milieu de la gastronomie et de l’événementiel. Depuis quelques années, nous travaillons également dans le domaine culturel, avec la Scène nationale de l’Essonne, le Palais de Tokyo ou encore avec le ministère de la Culture.
En 2021, vous aviez déjà réalisé l’affiche pour la Fête de la musique. Qu’est-ce qui change en 2024 ?
LR : À l’époque, nous sortions de plusieurs confinements donc nous avions insisté sur le solstice d’été, avec de la couleur, une image la plus joyeuse possible et la mise en avant du vivre-ensemble ! C’était un grand moment de partage et de retrouvailles. Pour cette année la demande du ministère de la Culture était d’illustrer le lien entre la Fête de la musique et le sport en guise de clin d’œil aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été. Nous avons fait une image festive et populaire, qui transmet des valeurs communes au sport et à la musique.
Qu’est-ce qui relie le sport à la musique ?
LR : Dans la musique comme dans le sport, il y a un sens du collectif : on est amené à jouer en groupe. Il y a également un sens du rythme et plusieurs disciplines présentes aux Jeux olympiques se pratiquent en musique : l’équitation, la gymnastique, la natation synchronisée, le breaking, etc. La musique est quelque chose qu’on vit physiquement, en direct, et qu’on partage. Comme le sport ! Ces deux disciplines permettent de grands rassemblements populaires.
Comment avez-vous transposé cela dans une affiche ?
LR : Nous sommes partis de l’idée d’une pyramide humaine : c’est un ensemble de figures de gymnastique où chaque personne est dépendante l’une de l’autre. Nous avons également varié autant que possible les types de personnes représentées, que ce soit dans leur âge ou leur attitude, afin d’exprimer la pluralité qu’on retrouve dans la musique et le sport. Il y a également un côté floral dans l’affiche et de la couleur pour exprimer l’arrivée de l’été. Sans oublier les oiseaux qui font transparaître la notion d’écologie.
Combien de personnes ont travaillé sur la création ?
LR : Nous avons travaillé à quatre mains avec Marie Sourd, nous fonctionnons souvent ainsi. Elle est plutôt portée sur l’illustration et moi sur la mise en page et le graphisme. Mais il nous arrive de changer les rôles pour enrichir nos réalisations ! Pour cette affiche, j’ai réalisé les dessins et une partie de la composition. Ensuite, Marie a récupéré mes éléments et a imaginé une construction puis fait la mise en couleurs.
Quelles ont été les différentes étapes pour réaliser cette affiche ?
LR : La réflexion a pris le plus de temps car il fallait entrer dans un sujet qui avait déjà été traité de nombreuses fois afin de se le réapproprier pour donner une version originale. Nous avons réfléchi pendant une semaine, en créant des tableaux d’images de références qui nous inspiraient. Nous avions, par exemple, tout un stock d’images de gens qui réalisent des pyramides humaines.
Dès la réflexion, nous avons commencé à dessiner avec une grille sur laquelle nous placions les éléments afin d’avoir un rapport de proportion harmonieux. Puis, nous nous sommes lancés dans la réalisation qui a pris deux autres jours : un pour les dessins et un autre pour tester et acter la composition de l’affiche.
Réaliser l’affiche de la Fête de la musique, qu’est-ce que cela représente ?
LR : C’est une forme de reconnaissance de notre travail. Nous avons travaillé dans de bonnes conditions et avons pu donner l’image qu’on voulait à cette affiche, ce qui n’est pas toujours aisé pour un événement aussi grand public. Plus largement, la Fête de la musique est devenue une véritable petite fête nationale : c’est un rendez-vous culturel dans toute la France et pour lequel il existe un vrai engouement.
Personnellement, cela représente beaucoup de souvenirs d’adolescence puisque ce sont les premiers moments de liberté où je pouvais déambuler dans la ville avec mes amis pour écouter de la musique mais également en jouer !
