À République, sa musique groovy et sa voix qui enveloppe résonnent souvent depuis quelques années. Parmi les passants empressés, certains s’arrêtent, suivis par d’autres et peu à peu la foule se fait plus compacte devant une artiste peu ordinaire et si talentueuse. « Quand j’arrive à capter au moins une personne, voir une tête qui bouge, des pieds qui dansent, ça me rend heureuse, je me dis que j’ai fait la journée de quelqu’un », lance Kalala. Depuis 2021, cette jeune femme de 28 ans fait partie du dispositif Les Musiciens du métro de la RATP. Comme elle, d’autres artistes transforment les trajets quotidiens de millions de voyageurs de la capitale en concert souterrain. Très tôt, ils s’installent dans les couloirs animés de Châtelet, de Bastille ou encore à Saint-Lazare pour chanter ou jouer au milieu de navetteurs pressés et de touristes curieux.
Si leur talent détonne, c’est que ces musiciens ne sont pas ici par hasard. Chaque année, 300 musiciens sont sélectionnés après casting pour se produire pendant six mois dans certaines stations et gares du réseau d’Île-de-France Mobilités opéré par la RATP. Depuis 2021, Kalala repasse cette audition tous les ans pour renouveler sa certification et continuer à faire partie de ce dispositif qui lui a permis de faire des rencontres et de percer.
Un tremplin pour les artistes émergents
L'histoire de ce label remonte à la fin des années 1980, lorsque la RATP décide d'autoriser certains musiciens à se produire dans le métro afin d'animer les stations. À cette époque, la sélection n’existe pas, les premiers arrivés sont les premiers servis. En 1997, la RATP crée le dispositif des Musiciens du métro et organise des castings réguliers pour sélectionner des artistes de tous horizons musicaux. Au fil des ans, le dispositif est devenu une véritable institution culturelle à Paris. Il a permis de lancer la carrière de nombreux artistes comme Keziah Jones, Lâam, Zaz, Claudio Capéo, Clément Verzi (finaliste de l’émission « The Voice » en 2016) et tout récemment Vernis rouge qui a participé aux castings The voice.
Le dispositif des Musiciens du métro offre également à plusieurs artistes la possibilité de participer à des festivals et événements musicaux majeurs tels que Solidays, Art’Rock ou la Fête de la musique. Avec deux autres Musiciens du métro, Kalala a ainsi pu participer à des festivals comme We Love Green l’année dernière. Les Musiciens du métro ont été un vrai tremplin pour cette femme passionnée de chant depuis son enfance.
Kalala s’est lancée dans la musique en 2020, accompagnée de son ukulélé. Cette même année, elle réalise des concerts de rue avec une amie guitariste, « un jour de pluie, on est descendues jouer dans le métro, une foule énorme s’est formée pour nous écouter mais les contrôleurs nous ont expliqué que pour chanter dans le métro il fallait passer les castings de la RATP », se souvient la chanteuse. Elle le fera l’année suivante, et depuis ne cesse de retrouver ces couloirs. « Le métro est comme un exutoire, je peux y aller quand j’ai un coup de mou, faire des rencontres. Et bien sûr grâce aux voyageurs qui mettent quelques pièces dans le chapeau, cela me permet de financer mes projets musicaux », explique-t-elle. Elle a ainsi réussi à autoéditer son EP La fête selon Kalala en 2022.
Le 21 juin, Kalala interprètera des morceaux de cet EP lors du concert de la Fête de la musique au Domaine national du Palais-Royal. « Ça va être assez chaleureux et très énergique, il y aura mes compositions, des reprises avec toujours un côté mélodieux et groovy et surtout des bonnes ondes », promet-elle.
